n°36: Tahitiens. Répertoire biographique de la Polynésie française

P. O'Reilly. Paris, 1975, Prix: 22,87 €
      

    Une réédition attendue d'un livre épuisé et toujours demandé. L'auteur a repris la première édition de son travail, mettant au point les entrées anciennes et y ajoutant plusieurs centaines de notices nouvelles. Pour le plus grand bénéfice des familles de la Polynésie française intéressées directement par ce travail. Sous l'aspect d'un modeste et utilitaire "dictionnaire" de personnalités et des familles locales, il s'agit en fait d'une véritable histoire de Tahiti depuis sa découverte. L'ouvrage comportera environ 400 portraits dessinés spécialement pour cette édition.


PREFACE

  Voici une nouvelle édition de "Tahitiens" La première avait vu le jour en 1962 et, malgré un tirage relativement important, était épuisée depuis plus d'un an. La préface de ce répertoire en disait le pourquoi et le comment, en précisait la méthode, en indiquait l'esprit, en signalait l'intérêt. Nous ne la reprendons pas. Les résultats sont là. Ils ont confirmé nos intentions. Notre but, aujourd'hui, reste le même, un peu plus focalisé peut-être. Hormis quelques exceptions en faveur de notabilités locales, nous avons pratiquement supprimé un certain appareil bibliographique signalant des études sur le personnage et la liste de ses écrits. L'utilisateur courant n'est guère concerné par ces références de pure érudition. Une solide bibliographie de Tahiti existe maintenant. Elle constitue le n°14 des Publications de la Société des Océanistes. Chercheurs et érudits la connaissent et peuvent aisément s'y reporter. La typographie est actuellement trop coûteuse pour gaspiller une seule ligne de composition. Ainsi, par exemple, pour chaque missionnaire protestant nous n'avons pas jugé utile de renvoyer aux Registres... de la L.M.S, ni, pour chaque catholique, au tome 21 de la monumentale Bibliographie missionnaire de Streit, œuvres qui apportent par le menu la liste des lettres et publications des intéressés. Par ailleurs, cette édition est tout à fait autre chose qu'une pure et simple réédition du travail de 1962. Grâce à un récent séjour à Tahiti et malgré l'abandon amical de Raoul Teissier, collaborateur de la première heure, absorbé aujourd'hui par d'autres tâches, l'ouvrage a pu être repris en sous-main, revu et très sensiblement accru. Pour parler en termes chiffrés, le nombre des notices a été porté de 1480 à 1875, tant par l'insertion des 205 entrées du Supplément paru en 1965 que par la rédaction de 140 entrées nouvelles. Elles correspondent, soit à des notices sur des personnages ayant un rôle dans cette dernière décade, soit à des lacunes ou "omissions" de la première édition qui ont pu être réparées et comblées. Il y a encore des omissions, bien sûr - mais que faire contre certaines inerties, des modesties abusives, voire même des refus, courtois certes mais très fermes ? Un humoriste m'écrivit même - péché d'orgueil ou excès d'humilité ? : "Je suis à l'âge où l'on fait, un peu malgré soi, un bilan de sa vie et je ne parviens pas à découvrir, dans ma contribution à la vie tahitienne au long de ces quarante dernières années, la moindre particularité capable d'intéresser vos lecteurs qui se consoleront facilement d'ignorer ma date de naissance et le lieu de mes premières études.. en attendant celle d'un décès qui ne saurait guère tarder, mais que, malgré tout mon désir de vous être agréable, je ne suis pas encore en mesure de vous préciser"... Par ailleurs, les notices des familles déjà mentionnées ont été, dans la mesure du possible, mises à jour et toutes les erreurs relevées, corrigées. Remercions, à ce propos, les personnes qui ont bien voulu nous aider. J'entends souvent dire : "Votre livre fourmille d'erreurs !" Et lorsque j'ai le temps d'aller visiter ces bienveillants critiques, un carnet à la main et heureux de songer aux améliorations que je vais, à bon compte, pouvoir apporter à mon travail, je dois constater que le verbe "fourmiller" n'a pas le même sens dans leur bouche que dans les dictionnaires. A peine parvient-on à me préciser deux ou trois fautes, le plus souvent vénielles, voire même simples coquilles. Car il arrive que les Tahitiens n'aient pas le même prénom à l'état civil et dans la vie courante, ou que le marbrier du cimetière soit en désaccord avec les registres de décès ! Ceci dit, me voici d'autant plus libre pour rendre grâce à quelques amis minutieux et informés. Mentionnons en toute première place le gouverneur Léoncejore et le capitaine Georges Bailly qui, chacun dans leur spécialité, ont bien voulu m'adresser des listes précises d'erreurs, manifestes ou cachées. Il n'y aura pas, dans cette édition, un seul capitaine au grand cabotage ou un seul ancien élève de l'Ecole coloniale, du Borda ou de Polytechnique, qui n'ait maintenant justifié de son titre, un seul navire entré ou sorti de Papeete dont la date n'ait été vérifiée sur les registres du Port. A Papeete, j'ai, une fois encore, et cent fois plutôt qu'une mis à l'épreuve l'efficacité et la courtoisie de Pauline Rey pour des recherches d'état civil Mme Leverd, à l'Hôtel de ville, consentait même à m'ouvrir ses registres en dehors des jours et des heures régulières de consultation ! La science de Me René Calinaud, magistrat d'une érudition imbattable sur les îles de son ressort, me fut aussi précieuse. Me Gérald Coppenrath voulut bien me préciser certaines carrières politiques et mettre en forme des notices particulièrement délicates. Au service des Terres, Me Denise Goupil se montra d'une remarquable dextérité généalogique, raboutant les filiations les plus tahitiennes avec un brio et une rapidité sans pareil. Elle vint à bout, en un temps record, des descendances Colombani et Marcantoni, Corses procréateurs, féconds comme des araignées. Abandonné à mes propres forces, j'y serais encore ! Comme je serais encore tombé dans de nombreux culs-de-sac et impasses sans le concours aussi discret et subtil que constant et protéiforme du Dr Paul Moortgat, ami incomparable, mentor infatigable et heureux sourcier. Une seule ombre amère parmi ces agréables souvenirs, celle de la zélée Tahitienne qui, chargée à la Mission du nettoyage de ma chambre, fit, dans un trop large coup de balai, passer sur sa pelle à balayures tout un dossier aux feuillets sans doute un peu bien négligemment déposés dans un coin de la pièce. Et avec quelle diligence ! Ça ne traîna pas. Un quart d'heure plus tard, mes notes sur le personnel des missions passaient au four à détritus. Que pasteurs et curés, diacres et évangélistes me pardonnent l'insuffisance de quelques notices, voire même peut-être des omissions. Il n'y a pas d'assurances contre certains cataclysmes ! Les "tornades blanches" causent parfois d'irréparables désastres ! Et maintenant, cher lecteur, après avoir cherché et, je l'espère, trouvé le renseignement désiré sur quelque notabilité de la Polynésie française, s'il vous reste quelques instants, ouvrez ce livre n'importe où. Vous y trouverez un petit morceau de l'histoire de Tahiti, taillé à la mesure même du personnage qui en fut le héros. Des grands chefs tahitiens du temps de Pomare aux membres de l'Assemblée Territoriale, toute l'histoire de la Polynésie française est contenue dans ce livre où vous retrouverez, famille par famille, nom par nom, trace de tous ceux qui jouèrent quelque rôle dans la vie économique, sociale, politique ou littéraire à Tahiti et dans les îles, depuis l'arrivée des premiers navigateurs.

Paris, 16 juin 1974.